EAU : souplesse
ENTRER DANS LE FLUX AU LIEU DE NAGER A CONTRE-COURANT
TIRER PARTI DE LA VAGUE : Une nécéssité pour la survie.
En affaires les vagues technologiques, les vagues des modes, les vagues des peurs se renouvellent à un rythme jamais atteint auparavant.
Certaines entreprises tenteront de s'y opposer : elles seront submergées.
"Même des entreprises multimilliardaires ont été sans merci fracassées comme coquilles d'oeufs pour n'avoir pas été capables des s'adapter à ces vagues". Les entreprises du néo-management, tout au contraire, les utiliseront pleinement pour inventer de nouveaux concepts, de nouveaux marchés, de nouvelles courses, de nouvelles options, de nouveaux caps. Il faut, aujourd'hui, réhabiliter ce mot "opportunisme", à l'heure du surf et des vagues de plus en plus rapprochées des marées du changement.
Optimiser, à chaque instant, la rencontre entre les potentialités que l'on porte en soi, et les opportunités qu'apporte le milieu.
RENCONTRE AVEC LA REALITE : Le voilier pourra aller où il veut et comme il veut, à la condition de se soumettre aux vents et aux courants, aux vagues et aux marées afin de pouvoir les utiliser à son profit. Chaque entreprise est un tel voilier qui navigue sur l’océan des marchés.
Plus la structure de l’entreprise sera souple et riche, et plus elle pourra s’adapter facilement, réagir vite et assumer la complexité ambiante.
Le but de l'existence n'est pas de mener un combat contre le monde Réel afin d'un construire un idéal, mais tout au contraire, apprendre à vivre avec le Réel tel qu'il est.
iDEAUX : Tous les idéaux ne sont qu'inventions humaines, des caprices "je veux ça, na!"
Je suis pauvre alors je ne veux pas qu'il y ait des riches... Nivellement par le bas, que l'on appelle parfois justice sociale, égalité. Globalement, ni l'Etat, qui refuse le monde tel qu'il est, ni les marchés, ne régulent plus rien car la vitesse de réaction des acteurs économiques est infiniment plus lente que le flux des opportunités, des événements et des informations
OPPORTUNISME : Le management économique est métaphoriquement assez proche du rafting, où il s’agit de :
- profiter du courant (énergie du ciel) pour aller à peu près où l’on veut (énergie des hommes), pourvu que ce soit vers l’aval (énergie de la terre) ;
- choisir ses haltes et ses bivouacs ;
- anticiper les rapides et les remous, les chutes et les cascades ;
- éviter les obstacles de pierres et de roches sans les combattre – ce serait peine perdue ;
- se tremper jusqu’aux os avec un équipage fiable et compétent.
Se battre contre les événements et les forces du temps ou exploiter toutes les énergies et opportunités du temps ?
D’un côté, la lutte. De l’autre, l’harmonie. Dépasser, transcender.
FLUX ET REFLUX : Le Réel, ce qui existe, est transformation incessante de soi, métamorphose, accomplissement. Le Réel est vivant. Tout, alentour, n’est que sable, fluide et fluent. Fluidité des relations entre les hommes, entre les partenaires, entre les entreprises d’un même réseau. Tout va et vient comme la houle. Etre en phase avec lécoulement des énergies universelles.
FANTASMES PLANIFICATEURS
Notre monde de plus en plus complexe, donc de plus en plus imprévisible, met à mal nos fantasmes planificateurs. Nous consommons beaucoup de temps et d’énergie à construire des plans, et à expliquer, ensuite, chaque mois, pourquoi le réalisé et le prévu ne correspondent pas.
Et cette explication est toujours la même : il est de moins en moins possible de prévoir. Ce monde complexe exige une intelligence globale et une efficience locale : tous les cycles deviennent de plus en plus courts, tous les rythmes deviennent de plus en plus effrénés, tous les flux d'événements et d'informations deviennent de plus en plus submergeants et noyants. Pour répondre à ces déferlantes, Il faut penser réseaux. Réseaux internes de petites entités autonomes, fédérées par une projet fort et par une culture forte. Mais aussi réseaux externes de tous les partenariats d'externalisation, de mutualisation, de complémentarité, de sous-traitance.
PENSER RESEAUX passe par la nécessité de miser sur la confiance et l'intuition. La confiance réciproque est le système de gestion le moins cher et l'intuition le moteur d'action le plus rapide. Mais il ne s'agit pas de confiance ou d'intuition aveugles, infantiles, béates ; il s'agit plutôt de réapprendre à miser sur ses tripes et ses petites antennes, et à faire taire la raison castratrice. Résonner et raisonner ne sont pas contradictoires. Le bouche-à-oreille, oui. La notoriété, oui. Un très bon site Internet, oui. La qualité, oui. La qualité des produits et des services est le seul véritable argument de vente.
CONFIANCE : Une relation noble est tissée d'élégance, d'élévation, d'enrichissement mutuel. Elle est purement qualitative. Elle vise l'enrichissement qualitatif. Elle se passe de contrat. La parole suffit.
PERENNITE : la pérennité de l’entreprise dépend fortement du soin qu’elle met à cultiver son métier indépendamment des produits que ce métier permet de produire très provisoirement.
Quel est le cœur de métier de votre entreprise ? A cette question, l’immense majorité des patrons est incapable de répondre.
Une première conséquence de cette définition conduit à externaliser tout ce qui n'est pas le métier vers d'autres dont c'est le métier car on fait toujours nettement moins bien que d'autres ce que l'on ne fait pas parfaitement. Les patrimoines collaboratifs de l’entreprise font de celle-ci le centre d’un vaste réseau de relations avec un grand nombre d’acteurs sociétaux ou économiques qui, chacun à leur manière, apportent à l’entreprise une part de sa notoriété, une part de sa pérennité, une part de sa prospérité.
Une deuxième conséquence : viser partout l'excellence dans son métier, toute médiocrité doit être bannie, la perfection est seule garante de pérennité et de durabilité.
SE JETER A L'EAU :
L'homme, dans
ce monde tourbillonnaire, n'a le choix qu'entre deux stratégies de vie. Soit il devient
pierre pour résister au courant. C'est l'option du management classique qui planifie
l'implanifiable, budgétise l'impermanent et glose sur l'inconnaissable et l'imprévisible. L'eau courante et vive finira par l'user, par l'arracher, par le réduire en sable.
Soit
l'homme se jette à l'eau au point de devenir eau dans l'eau, filet d'eau dans le fil de la
rivière, alors il fait un avec le monde, l'instant et la vie, alors il est en éveil et oeuvre
sans agir, alors il vit de la vie réelle des choses et des êtres qui l'entourent, et non plus
de cette pseudo-vie artificielle et factice que sa schizophrénie lui invente.
ETRE ÉVEILLÉ et ouvert à l'imprévu.
L'éveil n'est pas qu'un colifichet de l'exotisme spiritualiste et ésotérique oriental. Il est
une manière de vivre en profondeur en prise directe avec son temps, avec son monde,
avec son contexte, avec soi et les autres. En affaires, l'éveil est vital. Les cycles de vie
des techniques et des produits se réduisent comme peau de chagrin. Les cycles
deviennent courts au point d'affoler toutes les boussoles. Le tourbillon éclate de
partout, éclabousse tout, déglingue tout, chavire tout. Donc, cultiver une vigilance profonde et aigue, éveillée et lucide, qui puisse déceler la moindre tendance, les moindres signaux faibles et y réagir vite et bien en anticipant leurs développements : être sur la vague juste avant qu’elle ne commence à déferler.
NEGOCIER LES COURBES: pour ne pas disperser les énergies vitales.
Les bonnes idées, les bonnes images sont celles qui savent négocier les courbes de la nature. La nature n'a pas à s'adapter à notre façon de penser. C'est à nous à changer notre façon de penser pour qu'elle s'adapte à la nature. Nier ce qu'on voit parceque cela ne colle pas avec ce que l'on pense, c'est faire la politique de l'autruche, attitude très répandue qui détruit les liens et la confiance (en soi et celle des autres).
Quels que soient le ou les cailloux dans son lit, l’eau trouvera toujours un chemin pour couler vers l’aval. Les cailloux ne lui importent guère : elle les contourne et, les contournant, elle les use jusqu’à les réduire en sable.
FLUIDITÉ CONTRE FIXITÉ :
Dans un milieu extrêmement turbulent, toute structure rigide est condamnée à se briser.
Être en éveil, être vigilant, être éveillé. Veille technologique. Veille commerciale. Humer l'air du temps. Musarder dans son époque, toutes fenêtres ouvertes. Apprendre à muser, à chiner, à traîner pour vivre intensément la vie d'ici-et-maintenant, tous sens en éveil, afin d'en saisir toutes les opportunités.
Apprendre à regarder et à voir. On ne peut pas ne pas communiquer, tout est signe. Il faut apprendre à sentir ce quelque chose qui vit derrière les choses.
REEL: Il faut apprendre à décrypter le réel. Il y a ceux qui courent et qui ne voient rien, qui passent à côté de tout et qui s'étonnent toujours de n'avoir jamais de génie. Et il y a ceux qui prennent le temps de regarder, de voir, de deviner, de comprendre. Tous ceux qui ont eu à gérer de grands projets complexes, savent, mieux que quiconque, que le temps "perdu" en préparation et en réflexion, se regagne dix fois en exécution "qui tombe comme un coup de sabre" parceque bien préparée. Dans un monde effervescent, de plus en plus versatile et volatil, les aveugles et les borgnes seront toujours en retard d'une guerre au moins. Et pourtant ils continuent de courir tout le temps, de n'avoir pas une minute à eux, d'être surmenés, d'être surchargés. Ils n'ont pas le temps, eux. Ils travaillent, eux. Ils travaillent peut-être, parfois même beaucoup, mais jamais à l'essentiel, jamais à l'efficace, jamais sur la bonne priorité.
EXCELLENCE : C’est la maîtrise, au plus haut niveau, d’un métier. Une maîtrise reconnue, toujours vivante et évoluante; une maîtrise raisonnée et résonante qui produit de la belle valeur ajoutée, pas seulement comptable et financière, mais aussi humaine et cognitive. Construire un vrai projet d’entreprise n’est pas chose facile. Il faut en dessiner la finalité et il n’y en a qu’une qui soit universelle : l’excellence dans son métier. Tout le reste n’en est que conséquences. Si l’on fait parfaitement son métier dans toutes ses dimensions, le succès, la croissance et la profitabilité en découleront automatiquement. Favoriser en tout, partout, toujours, chez tous et en soi, le déploiement et l’accomplissement des potentiels favorables. Ne rien forcer. Mais tout susciter. L'entreprise, c'est un processus en marche. C'est aussi une culture commune puissante qui engendre de l'intelligence collective, de l'esprit de corps, de la connivence active. Les valeurs d'une entreprise n'ont rien à voir avec la morale mais bien avec le style qui lui est propre. Ce style, c'est son âme, exprimée par l'énergie, les motivations et les interactions de l'entreprise
EXPERTS DES MAINS :
Le néo-artisanat embauchera de plus en plus, mais seulement des "experts des mains" qui sont en criante pénurie aujourd’hui. Pendant deux générations successives, la chasse aux diplômes a jeté l’opprobre sur les métiers artisanaux et manuels. Aujourd’hui, déjà, il n’y a plus moyen de trouver un soudeur, un boucher, un cuisinier, un plombier, un ébéniste de talent, etc. Experts des mains et intelligence embarquée dans les gestes et les produits, pour la différence qui fait la différence. "Il faut tuer le mythe qui voudrait que travailler beaucoup et longtemps signifie travailler bien et efficacement. La quantité et la qualité du travail ne convergent pas. Chacun devrait être rémunéré exclusivement pour ce qu'il fait bien sans la moindre considération de temps. L'artisan ne vend pas son temps, il vend ce qu'il fait de son temps." Marc Halévy.
ARISTOCRATIE : Un nouvel aristocratisme s’instaure peu à peu, qui n’est plus celui ni du sang, ni de la fortune, mais de l’intelligence. Deux intelligences ne s’additionnent pas, elles se multiplient. Ces nouveaux aristocrates rechercheront des activités hors hiérarchie et salariat, et ne s’engageront que dans des projets de grande qualité à la fois de sens et de vie. Une aristocratie de l'esprit et du mérite, une aristocratie de l'humilité où la sensibilité, jamais, ne devient sensiblerie, où la tendresse, jamais, ne devient pitié.
INTELLIGENCE : L’intelligence est le nom générique que l’on donne à l’ensemble de toutes les habiletés mentales. Elle dépasse de loin la notion simpliste, réductrice et éculée de QI. L’étymologie du mot est double et riche. D’un côté il vient de inter-legere : lire entre, c’est-à- dire comprendre ce qui n’est pas explicite. De l’autre côté, il vient de inter-ligare : lier entre, entre-lier, relier, c’est-à-dire relier ce qui est épars. Ces deux étymologies convergent fortement : l’intelligence, c’est la capacité de reliance.
SI L'INTELLIGENCE est l’aptitude à relier les idées entre elles, l’intelligence créative est l’art de relier de façon originale des morceaux d’idées préalablement bien digérés, compris, intégrés. On ne crée rien à partir de rien : créer, c’est assembler nouvellement, c’est engendrer et faire émaner du neuf au départ de l’ancien. Pour créer, il faut d’abord connaître.
Il existe plusieurs typologies des intelligences humaines. Celle retenue par Marc Halévy distingue les intelligences rationnelle, intuitionnelle, créative, sémantique, relationnelle, intentionnelle et pratique. A chacun de se scruter avec soin afin d’établir son propre profil personnel d’intelligences. Plus d'infos.
DYNAMIQUE : Ce qui fonde l’entreprise, c’est sa dynamique, pas ses structures. Alors ? Alors il faut changer de modèle de management. La clé n’en est plus la prévision, mais l’intention. Il ne s’agit plus d’atteindre des résultats et des objectifs prédéfinis, mais de réussir, chaque jour, tout ce qu’il était possible de faire, ce jour-là, pour réaliser l’intention collective de l’entreprise. Chaque instant de vie non parfait est raté à jamais. Raison de plus pour n'en rater aucun. Ce n’est pas le résultat qui doit être l’obsession du moment, mais la qualité de l’acte . C’est la seule chose que l’on maîtrise vraiment. Le résultat est une conséquence. Le résultat sera bon si l’acte est parfait.
PRÉDATION : Il y a environ dix millions d'années, les humains enduraient la prédation dans les mêmes proportions que les autres primates. Environ six pour cent étaient dévorés. Les premiers humains ont été la proie de prédateurs plus de dix fois plus nombreux que de nos jours (hyènes et félins géants, crocodiles, rapaces, etc.)
Les humains ont très vite compris que la Nature les a faits faibles et fragiles, dénués de pelage et de carapace, malhabiles à la nage, à la course et à l'escalade, dotés d'une force physique très moyenne et affligés d'une incroyable inaptitude à la naissance.
L'homme est une proie facile pour tous, du microbe au tigre, un animal, faible et raté face à la vie sauvage, un animal dénaturé qui, pour compenser ses tares physiques, a surdéveloppé une imagination anticipatrice.
IIMAGINATION : Ainsi, l'homme a surdéveloppé, pour survivre, son imaginaire, comme le léopard a surdéveloppé sa vitesse de course, l'aigle sa puissance de vol et de vue, la baleine sa force spectaculaire, etc.
La tactique de survie humaine s'enracine dans sa faculté d'imagination. Les technologies sont des organes extérieurs au corps. L'homme délègue à des objets extérieurs de plus en plus des fonctions assurées initialement par son corps. Bémol : plus que toute autre, l'imagination est porte ouverte sur la démesure, sur la dénaturation, sur le délire. On le voit dans l'arsenal de destruction massive. "L'homme est le résultat le plus litigieux de l'évolution biologique" nous dit Hubert Reeves. La sociosphère humaine est devenue prédatrice.
TURBULENCE :
" Tout ce que vous espérez, ne se passera que rarement ; tout ce que vous redoutez, se passera probablement ; tout ce que vous ne soupçonnez même pas se passera certainement."
Notre monde économique n'est que turbulence et impermanence. Tout bouge et change tout le temps.
L’homme d’entreprise est au cœur de la complexité et son entreprise est un système vivant et complexe : échanges de matières et d’informations, lois et règlements, normes et tendances.
La seule bonne réponse à la complexité est la simplicité.
SOLUTION SIMPLE, et non "solution simpliste". Il ne s’agit pas de choisir un regard qui nous arrange. Cette simplicité demande un peu de génie et beaucoup de travail. La simplicité est ennemie de la simplification car la simplicité assume toute la COMPLEXITE du réel alors que toute simplification mutile, dénature et détourne cette complexité, ce qui complique tout. Simple. Ni simplet ni simpliste.
La simplicité n’écarte pas le savoir-faire et l’expertise, elle les requiert au contraire. Il ne s’agit pas de bâcler, il s’agit d’être parfaitement efficace.
GRAND DEFI DE L'HOMME : Le saut qualitatif de complexité est énorme entre la Vie (la Biosphère) et la Pensée (la Noosphère). Ce saut est le grand défi de l'homme. Un saut qui n'était pas possible tant que les technologies humaines ne permettaient pas de brasser d'énorme quantité d'informations à très grande vitesse et sur des supports extrêmement légers quasi dématérialisés. Mais ce passage ne se fera pas sans douleurs, sans résistances, sans obstacles.
L'AVENIR DE L'HUMANITÉ dépend directement de son intelligence collective. Elle dépend très peu du politique et de l'économique. L'économique comme le politique ne sont que de l'intendance ; l'essentiel est ailleurs. Et comment croire encore aux lendemains qui chantent après Auschwitz, le Goulag et Hiroshima ? Socialisme et libéralisme, communisme et capitalisme, etc. sont toutes des notions héritées du 19ème siècle. Nous sommes au 21ème ! Il est peut-être temps de changer de paradigme." Marc Halévy.
INTELLIGENCE COLLECTIVE OU SUICIDE COLLECTIF ? Il faudra choisir. "Les sociétés meurent par suicide, pas par meurtre". Arnold Toynbee.
On sait que dans un corps humain, les cellules qui ne reçoivent plus de messages se suicident. L'échange d'information qui maintient en vie certaines cellules par une fonction de reconnaissance "oriente" le processus de développement, la façon de donner forme aux corps.
COMPORTEMENT SUICIDAIRE pour fuir la réalité : L'individu, déstabilisé, se replie sur de petits groupes restreints, et il régresse dans un repli sur soi qu'il ne faut pas confondre avec individualité qui se situe à l'opposé. L'individu se construit son autonomie non pas contre, mais au-delà de la société/collectivité. Mais l'immense majorité des humains est presque totalement dépendante de la collectivité, c'est-à-dire dépendante des individus autonomes dont l'énergie mentale nourrit cette collectivité.
Il faut que le monde sociétaire (mécaniste) soit désagrégé par l'individualisme avant que ne puisse émerger le monde communautaire (organique) de demain.
Personne => collectivité => individu => esprit/conscience => noosphère.
L'humanité s'est davantage formée par l'entraide que par le combat.
Partout les individus doivent échanger des informations et coopérer. A chacun de reconnaître le talent et les compétences de l'autre au lieu de rentrer systématiquement en compétion.
SURVIE :
La pauvreté des âmes est tout aussi dramatique que la pauvreté matérielle. Nos sociétés prospères le démontrent par leur misère spirituelle, leur pauvreté charismatique et leur délabrement éthique.
Les excès font des ravages : surproduction, surconsommation, endettement etc., et toujours plus de frustrations qui tournent en boucle. Les âmes zombifiées fuient dans l'alcool et les drogues licites ou illicites. D'autres vivent et travaillent apparemment comme tout le monde, mais la mort dans l'âme. "Il faut beaucoup d'imagination et de génie pour créer des chemins de liberté hors de l'autoroute des conditionnements divers. La plupart des hommes en sont totalement incapables, prisonniers, qu'ils sont, de leurs idoles et esclavages intérieurs, enfermés dans leur refus du réel et dans leur déconnexion d'avec lui." Marc Halévy.
TRAVAIL / LOISIR : Ce fut une erreur radicale du 20ème siècle que d’avoir étanchement disjoint "travail" et "loisir". D’un côté, la souffrance du travail, de l’autre, le plaisir du loisir. Ce cloisonnement ne peut plus tenir aujourd’hui. Il faut oublier l’étymologie doloriste du mot travail et y injecter du plaisir.
La revendication du plaisir s’étend au travail aussi. L'abnégation, le sacrifice, l'héroïsme ne sont pas des vertus mais, soit des stupidités, soit des névroses, soit des leurres, soit des hypocrisies.
Faute de projets mobilisateurs, nos sociétés désenchantées donnent aux jeunes des objectifs médiocres, de confort ou de loisirs.
"Des chantiers énormes doivent être ouverts d'urgence : recherche, éducation, santé, politique, économie, éthique, écologie, consommation, infrastructures. La sociosphère humaine si fermée, si prédatrice doit d'urgence s'ouvrir "en grand" : vers la biosphère qui la nourrit et qu'elle épuise, vers la noosphère qui la justifie et qu'elle néglige."
ADULTE ? "Devenir adulte, c'est reconnaître, sans trop souffrir, que le Père Noël n'existe pas" nous dit Hubert Reeves. Et Marc Halévy de rajouter une joyeuse réalité : "Il faut un immense courage pour assumer sa vocation face au monde. Les médiocres vous en voudront énormément d'avoir eu ce courage qui leur manque. Il est tellement plus facile de gâcher sa vie à servir les caprices des autres : parents, conjoints, enfants, amis, patrons, collègues".
Nos systèmes sociaux dénaturés tendent à perpétuer l'infantilité de la collectivité par de nombreux stratagèmes d'infantilisation permanente (assistanats, hiérarchies, déresponsabilisations, réglementations, etc.)
DANS LES RESEAUX SOCIAUX , les commères jouent les journalistes, la télévision nous sert les potins du jour comme s'il s'agissait d'événements mondiaux. Ce qui ne présente aucun intérêt devient LE sujet qui fait l'actualité, et toutes les chaînes s'en emparent et le commentent. Les faux prophètes sont partout." Bref, on voudrait nous faire croire qu'être adulte c'est être aux commandes dans un monde enfantin." (George W.S. Trow). "Nous sommes informés, jusqu'à l'écœurement, jusqu'à la saturation, jusqu'à la nausée, des moindres faits et gestes de n'importe quel sagouin médiatique."
DELUGE INFORMATIONNEL : Le mental humain est saturé devant le trop plein d'informations détaillant des séductions comparables. L'homme est en état de choc. Alvin Toffler, dans "le choc du futur" avait montré que l'hyperchoix devenait un phénomène sociétal. Avoir un trop grand éventail de choix possibles est cause de désorientation.
D'ailleurs, la plupart des informations qui nous parviennent sont oubliées. Il est nécessaire, vital même, d'éliminer le plus vite possible les informations inutiles.
ILLUSION : Un poireau peint en rouge ne deviendra pas une tomate. La grande difficulté à laquelle les humains auront à se confronter au XXIème siècle sera de se libérer ou de s'immuniser contre les tentatives innombrables d'exploitation de leur faiblesse psychique. Le public est bombardé de désinformation. Sans doute, un marchand qui n'a pas d'éthique risque de perdre ses clients, mais seulement dans la mesure où ceux-ci s'en aperçoivent.
Aujourd'hui la puissance du système de désinformation est telle que se développeront nécessairement dans les années à venir des discours et des forces de réaction contre cette désinformation et contre la surinformation. Il vaut beaucoup mieux cultiver et développer ses propres forces, que de profiter et d'exploiter les faiblesses des autres.
LES ÉLITES, en particulier politiques et économiques, continuent de vouloir faire rentrer la réalité des choses dans un modèle établi. Il en résulte un divorce consommé entre les élites et le peuple. Enfermées dans leur "modèle d'ivoire", les élites ne maîtrisent plus rien et embarquent le reste de l'humanité dans des impasses.
LES ÉLITES de demain ne seront plus ces technocrates qui expliquent les choses mais ceux qui présentent les choses honnêtement et concrètement. Le rôle des masses étant ensuite de s'organiser pour savoir ce qu'elles veulent faire de cette présentation des choses en toute liberté et en toute responsabilité. Puisse la présentation lucide du monde dans lequel nous rentrons chaque jour un peu plus l'emporter sur les explications fumeuses et dépassées d'un monde qui existe chaque jour un peu moins !" Pierre-Olivier Gros.
LA SPHERE FINANCIERE, désormais interconnectée, bouillonne de spéculations et s'éloigne des réalités du système industriel. Elle s'enfle de ses propres fantasmes mais, tel un immense soufflé, risque à chaque instant de s'effondrer. Le monde est comme drogué par la vraie fausse monnaie. L'exploitation de la crédulité s'amplifie.
LE SYSTÈME ÉCONOMIQUE ET FINANCIER donne des signes très inquiétants d'instabilité. Il n'y a simplement plus personne -s'il y eut jamais quelqu'un- aux commandes de la flottille "monde". La seule issue est que chacun reprenne le contrôle de sa propre vie, en toute autonomie, dans son propre petit crevettier de bonne pêche en cabotage. Des petites entités, des réseaux très sélectifs et très électifs, et de l'autonomie, c'est à dire la réappropriation, par les individus, du sens et de la valeur de leur existence. Cet effort philosophique et spirituel est vital !
CECITE AU CHANGEMENT : "Les institutions, conçues en d'autres temps, à d'autres fins, sont lourdes, formalistes, inefficaces. Face aux événements, elles perdent ce qui leur reste de crédibilité". Thierry Gaudin.
"Beaucoup de nos institutions se trouvent comme ces étoiles dont nous recevons la lumière et dont les astrophysiciens nous disent qu’elles sont mortes depuis bien longtemps".
Michel Serres.
Overdose de textes et overdose juridique : la norme est un gouffre financier. Avec un stock de 400 000 textes, décrets et circulaires en tous genres, la France est malade de la norme. Les collectivités croulent sous les normes. Entre d’un côté les normes nouvelles, et de l’autre, le stock qui grossit, faute de faire le tri dans les textes obsolètes, difficile d’y voir clair.
PEURS : Rien ne se fait de bon à partir de la peur. Le retour à la peur et au besoin obsessionnel de sécurité (contre qui ? contre quoi ?) démontre, si besoin en était, la régression de nos sociétés. L'incertitude représente un extraordinaire fond de commerce pour nos politiciens qui manipulent avec virtuosité et cynisme le "panem et circenses". Combien plus facile il est d'enflammer les images de lendemains qui chantent (des promesses qui ne viendront jamais) que de pointer les douleurs et ruptures de l'enfantement du monde qui vient.
"Pour votre sécurité", nous instillons des tonnes de réglementations aussi aliénantes qu'aberrantes. Il faut faire des règlements, des normes, des frontières, des protectionnismes, des syndicats, des lobbies, des prix imposés, des lois coordonnées, des lois sociales, des bureaucraties, des usines à gaz bureaucratiques etc.
La seule chose dont il faut avoir peur, c’est la peur.
RESIGNATIONS : un pays dont les habitants sont résignés et incapables de prendre leur destin en main devient un pays triste, voire sinistre. Leurs problèmes n'offrent aucun intérêt, et les solutions adoptées sont d'une pauvreté d'imagination consternante. VIVRE c'est refuser le prêt à penser et s'obliger à se poser des questions. "Cet assistanat généralisé a atteint ses limites. Financières, d'abord, car son coût est prohibitif et impayable par nos sociétés en banqueroute. Psychosociales, surtout, car la dépendance - et les addictions artificielles qui l'accompagnent - engendre une misère morale dramatique où le dégoût de soi et la haine des autres vont de pair." Marc Halévy.
TOUT LE MONDE A LA MEME ENSEIGNE :
"Le destin du monde est entre les mains d'apprentis sorciers qu'on laisse jouer avec des allumettes.
Au temps de Lucrèce, des animaux féroces étaient dressés pour la guerre. Mais ô surprise, dans le feu de l'action, les bêtes affolées confondent amis et ennemis.
Guerre bactériologique et folie technologique : pas plus que les éléphants carthaginois, les virus ne sauraient distinguer les "bons" et les "méchants". Hubert Reeves;
EDUCATION : L'enseignant devrait amener l'apprenant à devenir actif, alors qu'on lui demandait d'être passif. Se pose alors une question majeure : comment susciter une attitude active alors que tout, dans le monde moderne, pousse les gens à la passivité ? Il ne suffit pas de dire une prière pour économiser l'énergie, il faut une maîtrise de soi, une vigilance de tous les instants. Tout comme il ne suffit pas d'accumuler des connaissances comme on accumule des biens matériels pour accéder à La Connaissance. "Je ne sais comment font les gens pour apprendre sans comprendre. Sans doute qu'ils ne savent pas qu'ils ne savent pas. Mais pas étonnant que leur savoir soit si fragile" disait Richard Feynamn, scientifique hors norme.
POUR S'INSCRIRE DANS CE NOUVEAU MONDE DE L'INTELLIGENCE, le monde de l'Homo numericus en cours d'éclosion qui remplacera celui de l'Homo cocacolensis,
il faudra apprivoiser les outils, s'appropier les usages, et travailler à une interopérabilité maximale des systèmes d'informations.
L'ethnotechnologie et les TIC devraient permettre de nouvelles fertilisations croisées. Les spécialistes des disciplines intéressées se parlent, mais ce n'est encore qu'une mosaïque où il manque une vision cohérente. Thierry Gaudin et Fabrice Papy
RESYNCHRONISER LA POLITIQUE ET L'ECONOMIE avec la réalité de tous les jours en demandant aux élites politiques et économiques de changer de logiciel. C'est le système entier qui doit "muter" sinon il mourra et disparaîtra.
"La fin du 20ème siècle a signé la fin de toutes les certitudes et repères qu’avait élaborés la Modernité entre 1453 et 1989* * *. Nous commençons à construire le troisième millénaire sur une table rase.
De même que la révolution industrielle n'a pas balayé l'agriculteur -on mange toujours de la viande et du pain- la société de la connaissance va recouvrir et non pas remplacer la société industrielle : on aura toujours besoin d'acheter du pain et des voitures. Mais il importe de comprendre les tendances lourdes de demain. L’industrie s’était superposée à l’agriculture. De même aujourd’hui, l’économie immatérielle (celle de la connaissance, de l’intelligence, des idées et de l’information) se superpose à l’économie industrielle (matérielle) et la marginalise. " Marc Halévy.
L'HOMME QUI ACCUMULAIT DES OBJETS cèdera la place à l'homme qui crée des connaissances. La saturation est devenue tellement étouffante que la richesse ne se démontre plus par l'accumulation mais au contraire par le dépouillement.
La nouvelle richesse sera cognitive et culturelle, imaginative et artiste : le capital essentiel de demain sera le talent, celui de l'intelligence, celui de la mémoire, celui de l'intuition, celui de l'imagination.
La matière première de demain sera la matière grise ; et cela change tout.
Chacun devient, en somme, son propre DRH, et conjointment, le métier de Direction des Ressources Humaines évolue. Le DRH de demain sera un agitateur d'intelligences.
ETENDEZ VOUS SUR LE SOL, LA NUIT, LOIN DES LUMIERES. FERMEZ LES YEUX. "Après quelques minutes, ouvrez les sur la voûte étoilée. Vous aurez le vertige". Hubert Reeves nous rappelle sans cesse que l'éveil de la jubilation est un puissant antidote contre le tragique destin qui nous guette.
Être créatif, innover, c’est d’abord s’étonner. "Tiens, au fait, pourquoi ?"... L’habitude rend aveugle.
CET ART DE L'ETONNEMENT –de l’émerveillement, aussi– est rare et difficile. Le sens de l’innovation et les talents de créativité ne se décrètent évidemment pas. Ils se cultivent dans la durée. Ils doivent devenir, comme déjà dit, un état d’esprit. Cela appelle un style de management bâti sur la confiance, la reconnaissance et le droit à l’erreur, sur le goût de la progression et la tolérance au changement, sur l’enthousiasme et la passion, sur le sens du temps et l’intuition lucide.
La créativité rend la vie inconfortable parce qu’elle la rend instable : tout est susceptible d’être remis en cause à tout instant. L’esprit de créativité est tout le contraire de l’esprit de facilité si cher à notre époque qui meurt sous nos yeux.
L’homme commun lui préfère le ronronnement confortable et facile de la routine, de la continuité, de la récurrence, de la reproduction machinale mais stérile.
L’esprit créatif réclame de l’intelligence, beaucoup d’intelligence. Nul robot –humain ou mécanique– n’y est ni n’y sera jamais apte. Innovation en tout. Innovation géniale, parfois, mais surtout innovation quotidienne, humble, modeste. Marc Halévy.
** DEFINITIONS des intelligences pour la typologie retenue
Rationnelle : Habileté à raisonner c’est-à-dire mener parfaitement des raisonnements logiques, surtout déductifs, et des approches analytiques.
Intuitionnelle : Habileté à résonner c’est-à-dire à mobiliser la sensibilité, l’instinct, la sensitivité, le flair.
Créative : Habileté à engendrer des assemblages inédits au départ de matériaux divers, étrangers les uns aux autres.
Sémantique : Habileté à mettre en œuvre avec pertinence et brio les divers langages humains et leurs combinaisons.
Relationnelle : Habileté à entrer en reliance avec les autres, avec le monde, avec la nature.
Intentionnelle : Habileté à discerner les finalités, les intentions plus ou moins cachées, les buts réels poursuivis.
Pratique : Habileté à traduire vers le concret, vers l’action, vers la réalisation.
Il faut viser à engendrer partout de la valeur par les intelligences de la tête, du coeur et des mains.
* * * LES CYCLES PARADIGMATIQUES ont une durée d'un demi millénaire, environ. Pour l'occident, se suivent ainsi les cycles hellène, romain, goth, féodal, moderne et, maintenant, noétique. Chacun de ces cycles connait une structure interne semblable.
1- Une première période de latence s'enclenche par une grande révolution technologique ; ainsi la révolution agricole qui s'amplifie au 12ème siècle, ébranle le cadre agraire féodal et induit un mieux être (hors la terrible "grande peste", bien sûr, qui en a différé les effets) qui stimule la pensée dans les universités ; de même, la révolution industrielle qui explose au début du 19ème siècle exige la conquête de nouveaux territoires (colonialismes) et la protection des territoires ancestraux (nationalismes).
2- Vient ensuite une période de rupture. Pour le cycle féodal, ce fut la longue débâcle des chrétiens face aux musulmans (1291-1453). Pour le cycle moderne, ce furent les quatre guerres entre Est et Ouest (1870, 1914-1918, 1939-1945, 1950-1989).
3- Puis arrive la période de crise qui voit le montée progressive en hégémonie du nouveau paradigme et son entrée en conflit direct avec le paradigme déclinant. Pour le cycle féodal, ce fut la technologie d'imprimerie (1452-1455) accompagnée de l'afflux d'or amérindien en Espagne, de la montée de l'Inquisition, de la naissance des Etats, de la Réforme protestante et des guerres des religions ; le tout se stabilisera après 1598. Pour le cycle moderne, ce fut la technologie du numérique (1983-1989) accompagnée des grandes crises pénuriques, financières, économiques, politiques et sociales d'aujourd'hui.
Le schéma d'ensemble intègre donc une période de révolution technique (et d'euphorie exacerbée), une période de rupture sociétale (et d'ébranlement de toutes les normes), une période de crise systémique (et d'effondrement des institutions du paradigme antérieur).
SOURCES : noo
SOURCES ET INSPIRATION :
Marc HALEVY. Fabrice PAPY. Thierry GAUDIN. Hubert REEVES. Michel SERRES.
Les 5 éléments
Marc Halévy : activités //
bibliographie
Fabrice Papy : activités //
bibliographie
Thierry Gaudin : activités //
bibliographie
Hubert Reeves : bibliographie
Michel Serres : bibliographie
ICONOGRAPHIE :
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