TERRE : patience
CULTIVER L' UTILE DELAISSER LE FUTILE
DESENCOMBRER : le silence est le terreau fertile de l'intelligence.
Comme tous les hommes d’action, le manager doit se désencombrer l’esprit, c’est le prix de son efficience. Désencombrer, pas vider ! L'entreprise est vivante et a droit, elle aussi, à une saine diététique. Comme tout organisme vivant, complexe, organique, elle est sensible à toutes les toxines, même les plus ténues. Elle produit des anticorps puissants. Parmi ces toxines : les rumeurs, les ratés, les mensonges, la non-reconnaissance, etc. Développer son système immunitaire sur le web passe par un réseau de cellules à relier dans une approche hautement qualitative.
Seule notre intelligence est capable de désencombrer notre propre monde informationnel. La diététique du mental s'appelle l'intelligence, le discernement, l'esprit critique, la méditation. La surproductivité est contre-productive. Place à la stratégie de la simplicité, exit le fast-food intellectuel et spirituel.
PATIENCE : un voyage de mille lieues commence par un pas.
"Patience, patience. Patience dans l'azur, chaque atome de silence est la chance d'un fruit mur ...".
L'univers entier est notre cocon. Le temps, sourdement fait son oeuvre. Les étoiles sont nos grand-mères et nos soeurs.
Il y a eu aussi des crises dans cette grande ascension cosmique. Par instants tout semblait sérieusement compromis, mais l'univers est inventif et a toujours su sortir de la crise. En certains cas il a dû revenir loin en arrière pour retrouver la voie.
L’homme, enfant de la nature, avance par essais et erreurs, par beaucoup d’essais et beaucoup d’erreurs avant de faire un pas de plus.
L'ENTREPRISE
est un processus vivant qui trace son chemin. Sa progression en semi-aveugle et en terrain inconnu est de contours et de détours, de "rebrousse-chemin" et de dégringolades-glissades. Les obstacles surgissent là où rien ne les laissait présager ou deviner. "Tout ce que vous espérez, ne se passera que rarement ; tout ce que vous redoutez, se passera probablement ; tout ce que vous ne soupçonnez même pas se passera certainement."
Alors ? Foncer. Oser. Avoir confiance en soi. Avoir foi en son projet de vie. Donner sa confiance à ceux qui s'embarquent sur votre galère.
Opportunisme et confiance, donc !
Tout changement infime ici-et-maintenant peut induire, dans de folles cascades d’amplification, des catastrophes immenses "ailleurs-et-plus-tard".
Qu'est ce que réussir sa vie ? Réussir sa vie c'est la construire patiemment, jour après jour, dans l'accomplissement intérieur et dans la paix extérieure. L'essentiel n'est pas d'être immensément riche, mais de devenir richement immense.
APPRENDRE : Le management c’est un art de vivre et de se comporter face aux obstacles de la vie de l’entreprise.
Les échecs peuvent ne pas être des pertes dès lors qu’ils sont exploités comme des investissements. L’échec est naturel. Une réussite conforte, mais n’apprend rien ; seuls les échecs apprennent.
ENSEMENCER : Ouvrir des portes et des pistes. Donner un terreau fertile, non pas transmettre un savoir mais ensemencer une démarche. Il s'agit de nourrir l'autre pour qu'il puisse ensuite planter sa propre pensée dans ce Réel en mouvement où tout est devenir, où tout advient. Ainsi, ensemencer une production intellectuelle n'a jamais pour but de transmettre un message tout fait, mais d'ensemencer l'esprit de celui qui la lit. L'oeuvre n'est pas imposée mais offerte, proposée. De même, l’entreprise est un lieu de convergence où des ressources variées s’entremêlent pour faire émerger de la valeur. De la valeur économique, surtout, mais aussi toutes autres formes de valeur. Laisser les énergies positives se libérer, susciter une dynamique, un mouvement. Les Ecoles de Gestion et de Management, demain, (et même dès aujourd'hui, si possible) doivent se repenser elles-mêmes en vue de transmettre plus un savoir-être et un savoir-devenir que des savoir-faire condamnés dans l'œuf à l'obsolescence immédiate. Il ne s'agit plus tant de posséder des savoirs que de construire des aptitudes et de développer des talents.
FERTILISER : le moment où émerge une idée est celui où elle peut être attendue. C'est comme si elle existait en creux, comme attente de la société, avant de se manifester en plein, comme incarnation de l'attente. Ce n'est pas l'entrepreneur seul qui fait émerger l'innovation, c'est aussi et même surtout, la rencontre avec un contexte réceptif. La plante ne pousse pas si le sol n'est pas fertile. "Ici, le roc nu, cristallisé ; là le terreau accueillant où la plante a poussé. Qui a planté ? D'où vient le grain ? on ne sait. Quand la terre est bonne, les plantes viennent toutes seules. Ainsi va la pensée. Les actes et les idées ne sont pas le fait de l'un, mais de l'attente des autres. ils sont le point d'émergence de la réceptivité". Patience donc, car "Il est inutile de proposer une technique nouvelle à une société qu'elle ne séduirait pas". De même que dans la gestation cosmique, les périodes fertiles sont celles du "ni trop ni trop peu", ni trop froid, ni trop chaud, le contexte réceptif pour qu'il y ait innovation évoque cette voie du milieu, cette phase matérialisée de l'espace temps.
CULTIVER LA COHERENCE et les fleurs de l'esprit
Une idée germe et fleurit au milieu d'un champ multimillénaire émaillé de pensées de toutes sortes. Une idée géniale est une chaîne ininterrompue de penseurs, de chercheurs, d'enseignants antérieurs qui ont construit la culture collective dans un processus de collaboration, de financements divers (privé, public, mécénal...).
Tout est solidaire de tout, tout est cause et effet de tout, tout est interdépendant. La graine ne devient arbre que par l'eau, la terre, l'air et le feu, que par la pluie, l'humus, les vents et le soleil. Chaque papillon, chaque caillou, chaque pivoine, chaque mésange s'inscrivent dans ce processus cosmique qui se déploie, dont nous les hommes, sommes partie intégrante. La mémoire cosmique est indélébile, ineffaçable.
INTENTION : L ’entreprise n’est pas un temple statique, elle est un processus qui tresse, au fil du temps, ses trois brins principaux que sont sa passion, son projet et sa valeur. Le danger essentiel pour l'entreprise est que ses moteurs en marche écartèlent l’entreprise jusqu’à la démembrer. Il est donc indispensable d’y maintenir une cohérence forte au moyen d’une intention unique et claire, bien forte elle aussi, car c'est elle qui trace la "voie du milieu".
TERRE NOURRICIERE que les groupes humains du Néolithique ont su fertiliser avec leurs nouvelles techniques. Mais l'observation montre que, souvent, à l'échelle des millénaires, là où l'homme passe, l'herbe ne pousse plus. La Mésopotamie, grenier à blé de l'antiquité, berceau de la civilisation, est maintenant un désert. Le Middle West américain manque d'eau et des signes de désertification apparaissent, même en Amazonie. Les nuages passent sans s'arrêter au-dessus des zones où la végétation s'est par trop réduite. Les perturbations dues à la déforestation s'étendent. De locales, elles deviennent continentales, puis planétaires. Les typhons sont plus violents, les sécheresses plus rudes et les pluies plus diluviennes. Les moussons se font attendre. Et, quand elles tombent, c'est brutalement, en déluge.
LES BIOTECHNOLOGIES révèlent des aspirations contradictoires : améliorer les productions, expérimenter sur le végétal, l'animal et l'homme, mais en même temps, respecter la vie. Le consommateur raffole des oranges-kiwis mais en même temps, il est "indigné" quand il entend parler de manipulations génétiques
L'industrie trafique tellement les produits qu'on ne sait même plus si les protéines viennent d'une vache, d'un poisson ou d'un arbre. La viande artificielle "hyper-réaliste" à base de soja est déjà dans les assiettes. De même, cultiver un steak in vitro ne fait plus partie de la science fiction. Seul frein pour le moment, 250 000 euros le coût de fabrication par pièce (de steak).
PHILOSOPHIE PRATIQUE : La moindre réalisation biotechnologique fait figure de monstruosité aux yeux du grand public.
L’interrogation philosophique devrait être accessible à tous, et le fait de tous. "La très grande difficulté que nous avons à penser clairement, en termes normatifs, au sujet des technologies émergentes, résulte de ce que la vision économique du monde exerce un quasi monopole sur leur évaluation.
C’est toujours en termes de bilan entre des coûts et des avantages que celle-ci se fait." Il faut obliger la science à sortir de son splendide isolement par rapport aux affaires de la Cité. La responsabilité de décider ne peut se concevoir que partagée. (Jean-Pierre-Dupuy. Nanotechnologies).
AU TABLEAU pour un débat public sur les nanotechnologies :
- l ’appropriation par un tout petit nombre de firmes des conditions de production et de reproduction de la vie à la domination qu’exercent la science et la technique sur des populations qui dans leur immense majorité n’ont pas accès à la culture scientifique et technique ;
- l’humiliation que les scientifiques ressentent à devoir se livrer à des opérations publicitaires ou de relations publiques pour conquérir une "acceptabilité" de plus en plus évanescente à la colère de ceux qui n’ont plus la maîtrise de ce qu’ils mangent ;
- l’approfondissement des inégalités mondiales aux nouvelles pauvretés engendrées par le monopole qu’exercent les techniques nouvelles sur des actes ou des relations qui traditionnellement échappaient à la technique ; etc.
SOURCES : noo
SOURCES ET INSPIRATION :
Marc HALEVY. Fabrice PAPY. Thierry GAUDIN. Hubert REEVES. Michel SERRES.
Les 5 éléments
Marc Halévy : activités //
bibliographie
Fabrice Papy : activités //
bibliographie
Thierry Gaudin : activités //
bibliographie
Hubert Reeves : bibliographie
Michel Serres : bibliographie
ICONOGRAPHIE :
"Tibetan girl Ningma Dolkar, 9, from the village of refugees" : Zzvet / Shutterstock.com